L’Europe des Balkans

Relief de l’Europe centrale.

Depuis l’été 2021, la Bosnie est en crise profonde du fait du retour menaçant du séparatisme serbe. Aujourd’hui, trente ans après les drames de Croatie, de Bosnie et du Kosovo, trente ans après les massacres de Vukovar et de Srebrenica, les souvenirs se sont estompés et les guerres balkaniques de la décennie 1990 sont quasiment sorties de nos mémoires. Et, pourtant, ce fut la dernière grande guerre en Europe. Il y eut plus de 150 000 morts, ainsi que des violences extrêmes. Aujourd’hui, les braises de ces guerres des Balkans sont encore chaudes. La crise des Balkans n’est pas derrière nous, elle est devant nous. Car elle n’est toujours pas résolue. Pour avoir l’éclairage de cette interminable crise, complexe à souhait, il faut remonter le fil de l’histoire de l’Europe des Balkans, une fois encore plonger dans la longue histoire.

1. La fabrication historique des Balkans

La région des Balkans est la région la plus « fragile » du continent européen. Sa géographie explique en partie son histoire. Cette péninsule bordée par trois mers, Adriatique, Égée et mer Noire, est traversée d’ouest en est, des Alpes slovènes à la mer Noire, par une chaîne montagneuse, les Balkans. La géographie fait les hommes et les sociétés. Cette région très accidentée, de tout temps, a engendré une vie enclavée, des groupes claniques, des sociétés éparpillées et, au bout du compte, un assemblage de peuples sans autorités politiques, où l’État a du mal à se construire. La faiblesse structurelle de l’État marquera la région des Balkans dès ses origines et jusqu’à aujourd’hui. Les Balkans seront doublement « faibles », d’abord du fait qu’ils resteront des systèmes féodaux ou l’État aura du mal à exister au-dessus des clans, des aristocraties locales, des princes féodaux, des mafias ; et, ensuite, du fait qu’aucune puissance politique forte ne régnera durablement en son sein. La Serbie ne sera la grande puissance des Balkans qu’un seul siècle, le 14e siècle, par l’Empire de Douchan.

Mais, surtout, la géographie a fait des Balkans une région intermédiaire, une région frontière entre les grands mondes qui l’entourent. Les Balkans sont exactement situés sur les lignes des deux grands événements qui ont fracturé le continent européen.

Les Balkans sont au cœur de la coupure est-ouest issue de la séparation des deux Empires romains établie au 3e siècle entre l’Empire de Rome et celui de Byzance. La province romaine d’Illyrie, qui couvrait à peu près l’ex-Yougoslavie et l’Albanie, fut fracturée entre les deux Empires, engendrant une profonde frontière culturelle entre les territoires de la Slovénie et de la Croatie liés à Rome, bâtis sur la romanité, le droit romain, la papauté catholique, et les territoires de la Bosnie, du Monténégro, de la Serbie, de l’Albanie, liés à Byzance, à sa culture autocratique unissant le religieux et le politique, pratiquant un christianisme de plus en plus éloigné de la papauté romaine jusqu’à l’aboutissement logique du schisme de 1054. Il se forme ainsi dès l’origine des Balkans occidentaux tournés vers l’Europe occidentale et des Balkans orientaux ouverts à Byzance.

Cette fracture existe jusqu’à aujourd’hui. La poussée des populations slaves dans les Balkans au 6e siècle provoquera des réactions défensives de la part des populations illyriennes, notamment dans une Albanie qui ne fut jamais slavisée. Mais, au bout du compte, les Slaves établis en Slovénie et en Croatie s’occidentaliseront alors que les Slaves installés à l’est de la « frontière » du 3e siècle, de la Serbie à la Bulgarie, s’orientaliseront et se rallieront à la religion orthodoxe. La consécration de la coupure des deux Europes se vivra de façon forte dans les Balkans. La coupure sera politique avec l’Empire carolingien incluant la Slovénie et la Croatie, théologique en 1054 par le grand schisme entre le monde catholique et le monde orthodoxe, culturelle en 1204 par le traumatisme, toujours vivant aujourd’hui, vécu dans tout le monde orthodoxe au lendemain du sac de la ville de Constantinople par les croisés francs.

La   « coupure »  est-ouest :  au 3e  siècle,  les  Balkans
partagés  entre  les  deux  Empires  romains,  Rome  et
Byzance.

Mais les Balkans sont également au cœur de la coupure nord-sud provoquée au 14e siècle par l’irruption de l’Empire ottoman dans cette partie du continent européen. La défaite historique de 1389 du royaume serbe face aux armées du sultan ottoman, à la bataille du champ des Merles, vient ouvrir la longue période des cinq siècles de l’Europe balkanique turque – Serbie, Monténégro, Bosnie, Macédoine, Bulgarie, Albanie -, une Europe islamisée, coupée de l’Europe chrétienne de l’Empire des Habsbourg, à l’intérieur de laquelle se trouvent Slovénie et Croatie, et donc coupée des grandes évolutions politiques, culturelles et économiques qui vont transformer l’Europe occidentale entre le 15e et le 19e siècle.

La « coupure » nord-sud : au 14e siècle, les Balkans partagés entre deux Empires, Habsbourg et ottoman.

Ainsi, il passe deux vraies frontières au sein des Balkans, la frontière est-ouest entre le catholicisme romain et l’orthodoxie ; et la frontière nord-sud entre le monde chrétien occidental et le monde islamique ottoman.

C’est dans ce contexte géographique et historique que vont se fabriquer les peuples balkaniques. Si on laisse de côté l’Albanie qui a une histoire toute particulière, n’a jamais été vraiment slavisée, a toujours connu une cohabitation religieuse paisible entre les minorités catholique et orthodoxe et la majorité musulmane, et n’a jamais été mêlée aux conflits balkaniques, d’ouest en est vont se former la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo, la Macédoine, la Bulgarie.

La Slovénie est un peuple illyrien qui fut largement slavisé mais a toujours été occidentalisé. Christianisé par l’Empire romain d’Occident, le peuple slovène fut intégré dix siècles durant dans les grands Empires d’Occident successifs, l’Empire carolingien, le Saint Empire romain germanique, l’Empire des Habsbourg. De ce fait, la Slovénie a noué depuis fort longtemps des liens commerciaux et culturels avec le monde germanique, a été le premier peuple a être politiquement éveillé par la création napoléonienne des États d’Illyrie, et va largement s’ouvrir dès le 19e siècle au développement économique de l’Europe occidentale. La Slovénie est, à la fin du 19e siècle, la région des Balkans la
plus occidentalisée et la plus riche.

La Croatie est l’autre peuple illyrien slavisé des Balkans occidentaux. Mais il est plus à l’est que la Slovénie et situé aux « marches » de la frontière balkanique. Premier peuple de la région converti au christianisme romain au 6e siècle, devenu un royaume indépendant un siècle durant, au 10e siècle, associé et intégré à l’Empire des Habsbourg, le territoire croate va devenir un « tampon » historique entre l’Europe balkanique d’Occident et l’Europe balkanique d’Orient, la région des combats constants menés par les armées turques contre l’Empire des Habsbourg. C’est dans ce contexte que fut créée par l’Empire habsbourgeois la zone des « confins militaires », les Krajinas, une zone à cheval entre la Croatie et la Bosnie, zone qui fut peuplée de colons serbes orthodoxes chargés d’assurer la sécurité de l’Empire dans ses confins. Cette zone des Krajinas, géographiquement croate mais démographiquement serbe, fut précisément à l’origine des premiers combats interethniques des guerres de Yougoslavie.

La Bosnie est une région qui amène à poser la question suivante : peut-on parler d’un peuple bosniaque ? Sa géographie – un relief très montagneux – a de tout temps engendré un grand morcellement humain. Les populations de Bosnie ont d’abord été divisées par la double influence catholique et orthodoxe. Mais, au 13e siècle, la terre de Bosnie est devenue le refuge des Bogomiles, cette secte chrétienne inspirée par le manichéisme chassée de Bulgarie et de Serbie. Les Bogomiles, devenus les féodaux de la région, vont y ériger un royaume. Mais, au 15e siècle, la Bosnie est conquise par les Ottomans. Et il va s’y créer, jusqu’à aujourd’hui, les trois « nations » religieuses bosniaques : les convertis à l’islam devenus majoritaires, recrutés principalement parmi les féodaux, dont les Bogomiles, désireux de garder leurs terres et leurs droits ; les orthodoxes proches des Serbes ; et les catholiques proches des Croates. Au 19e siècle, face au reflux ottoman, la fracture va se créer entre les deux communautés catholique et musulmane soutenues par l’Empire austro-hongrois et les orthodoxes soutenus par la Serbie et la Russie. À la fin du 19e siècle, Vienne se décide à occuper puis à annexer la Bosnie, entraînant de fortes réactions au sein de la communauté serbe bosniaque. Ce sera l’origine de l’attentat de Sarajevo de juin 1914 commis par un Bosno-Serbe manipulé par les services serbes.

Le Monténégro est le pays de Zeta, cette branche sœur issue des populations slaves qui ont peuplé la Serbie. Historiquement, le Monténégro sera, dès ses origines et jusqu’à aujourd’hui, le pays frère de la Serbie, majoritairement orthodoxe comme lui. Fait remarquable et unique dans la région, le petit Monténégro, resté très féodal, réussira à préserver son autonomie durant les siècles de l’occupation ottomane par le fait que les princes évêques qui gouvernent le pays passeront des accords à l’amiable avec les sultans. Le Congrès de Berlin de 1878 accordera la pleine indépendance au Monténégro, lequel retrouvera ses liens de proximité avec la Serbie.

La Serbie va se constituer par la principale branche slave venue s’installer dans les Balkans, autour du Danube. Elle va devenir un royaume autour d’une famille, les Nemanja. Elle va non seulement se convertir très tôt à l’orthodoxie mais créer une église autocéphale autonome afin de ne pas dépendre de Byzance. Au 14e siècle, sous le règne de Douchan, le royaume de Serbie devient la grande puissance des Balkans qui règne du Danube à la Grèce. C’est cette période glorieuse de leur histoire qui créera dans l’imaginaire serbe la nostalgie de « la Grande Serbie ». Mais l’histoire serbe va
basculer tragiquement lorsque les armées ottomanes vaincront en 1389 les armées serbes à la bataille du champ des Merles, au cœur du Kosovo, à Kosovo Polje. La chute du royaume serbe et l’occupation ottomane vont créer un double traumatisme, celui de la perte de la grandeur serbe et celui de la perte du Kosovo, terre des premiers monastères orthodoxes et cœur de la foi orthodoxe serbe. Tout au long du 19e siècle, après les siècles de l’occupation ottomane, ce sera le siècle des insurrections successives des Serbes contre les Ottomans, insurrections menées par les grandes familles, avec le soutien intéressé de la Russie, qui déboucheront sur la conquête de leur indépendance en 1885. Et, dans la foulée de son indépendance retrouvée, la Serbie profitera de l’affaiblissement de l’Empire ottoman pour mener les guerres balkaniques de 1912-1913 qui lui permettront de retrouver à peu près les territoires de l’ancienne « Grande Serbie » du 14e siècle, dont le Kosovo et la Macédoine.

Le Kosovo fut d’abord une terre inscrite dans l’histoire et la géographie du royaume serbe. Peuplé d’une population slave orthodoxe, centre religieux historique de la Serbie, il fut même appelé « la Vieille Serbie ». Mais, après la défaite du champ des Merles, cette terre sous occupation ottomane fut abandonnée par sa population serbe orthodoxe et occupée par des populations albanaises islamisées. Et quand, au lendemain des guerres balkaniques de 1913, la Serbie retrouve le Kosovo et le réintègre dans la mère patrie, ce dernier n’est plus serbe de population, sauf au nord, dans la région de Mitrovica. C’est cette longue histoire du Kosovo qui permet de comprendre le drame de la guerre de 1996.

L’État macédonien actuel est neuf, et son peuple également. Historiquement, la Macédoine fut une zone peuplée d’une population slave venue surtout de la Bulgarie. Elle fut très tôt le grand centre religieux et culturel de l’orthodoxie balkanique. Ohrid, aujourd’hui situé dans le sud de l’État macédonien, fut le lieu de l’action missionnaire et pastorale de saint Clément, moine disciple des saints Cyrille et Méthode, fondateur de la première université slave et concepteur de l’alphabet cyrillique. C’est pourquoi la Macédoine fut tout au long des siècles disputée entre les deux royaumes
serbe et bulgare. Elle fut, tout comme ses voisins bulgare et serbe, intégrée au 15e siècle à l’Empire ottoman. Mais, au reflux des ottomans, bien qu’apparut en 1893 le premier mouvement nationaliste macédonien, le VMRO, les guerres balkaniques conduiront finalement, après la défaite des armées bulgares de 1913, à la réintégration de la Macédoine dans la Serbie au détriment de la Bulgarie, toujours frustrée jusqu’à aujourd’hui du sort funeste de 1913. Il faut compléter le tableau en indiquant que la zone nord-ouest de la Macédoine, Koumanovo, située au voisinage du Kosovo et de l’Albanie, est peuplée d’une minorité musulmane d’origine albanaise et turque, héritage démographique et religieux de la période ottomane.

La Bulgarie est le premier peuple slave des Balkans, issu d’une première vague qui eut lieu avant le 6° siècle. Il se forma un Empire bulgare entre les 11e et 13e siècles, une « Grande Bulgarie » dont la capitale sera Ohrid, qui diffusera dans tous les Balkans la langue slave et l’écriture cyrillique conçue à Ohrid, alors terre bulgare. Cet Empire bulgare devint alors le grand rival de la Serbie désireuse à son tour de dominer la péninsule. Mais l’irruption de l’Empire ottoman, qui débuta sa conquête des Balkans par la Bulgarie, mit fin pour cinq siècles à l’État bulgare. Au 19e siècle, le processus d’émancipation commencera, à l’identique de celui de la Serbie, par des révoltes successives contre l’occupant turc. Mais, à la différence de la Serbie, la guerre de libération de 1877-1878 sera pratiquement menée et gagnée par le grand allié qu’est la Russie. Au bout du compte, l’histoire tournera mal pour la Bulgarie. De façon à contrer la Russie tsariste dans ses rêves impériaux dans les Balkans, le Congrès de Berlin de 1878 fabriquera une « Petite Bulgarie » très éloignée des rêves du retour à la « Grande Bulgarie ». Et la défaite bulgare à l’issue des deux guerres balkaniques
de 1912-1913 entérinera cette « Petite Bulgarie » privée de sa province historique de la Macédoine désormais intégrée à la Serbie.

Cette longue histoire des Balkans fait comprendre trois choses. La première est l’extrême hétérogénéité de la trajectoire politique, religieuse et culturelle de ses différents peuples. La seconde est la grande « faiblesse » des diverses entités balkaniques du fait de l’absence d’homogénéité des peuples et du caractère féodal des régimes en place. La troisième est que la région balkanique a été au cours des siècles un « objet » et non un « sujet », une « région objet » qui a aiguisé les appétits des grands acteurs voisins et concurrentiels, l’empire des Habsbourg, l’Empire ottoman, la Russie tsariste.

Tout cela a conduit à ce que cette région soit devenue la « poudrière des Balkans ». Cette poudrière a servi de prétexte à la Première Guerre mondiale, a miné à petit feu la Fédération de Yougoslavie, a explosé dans les années 1990 et demeure présente aujourd’hui. Car ces différents traits qui marquent les Balkans – l’hétérogénéité des peuples, l’État faible, une région objet des appétits des Grands – sont demeurés constants.

2. Au 20e siècle, la fabrication de la Yougoslavie

Le Royaume, puis la Fédération de Yougoslavie, ne fut qu’une parenthèse d’un siècle dans l’histoire des Balkans.

La Yougoslavie est une construction voulue par les Serbes et les Croates, mais autour de deux projets différents. Cette ambiguïté originelle est à l’origine de la faiblesse intrinsèque du nouvel État. Le terme « Yougoslavie » signifie « le pays des Slaves du sud ». En 1915, il émerge en Croatie le projet « illyrien » porté par les nationalistes croates autour de l’idée d’un rassemblement des Slaves du sud enfermés dans l’Empire austro-hongrois et unis par leur langue commune, le serbo-croate. En 1917, en pleine guerre, est signé le pacte de Corfou entre les nationalistes croates et le royaume serbe sur la création, au nom de l’unité de la langue, d’un État yougoslave, sous la forme d’une monarchie constitutionnelle à négocier après l’établissement de l’État. En 1918, les traités de paix démantèlent l’Empire austro-hongrois en prenant en compte le projet yougoslave.

La Yougoslavie va naître en 1918. Elle se crée autour de la monarchie serbe. Mais elle se construit sur l’assemblage incertain du projet illyrien des Croates, un projet démocratique et fédéral moderne, et de l’autocratisme et du panslavisme serbe, avatar de la nostalgie de la « Grande Serbie ». Cette Yougoslavie monarchique assemble cinq entités : la Slovénie et la Croatie, partisanes toutes deux d’un État fédéral ; la Serbie élargie à la Voïvodine, au Kosovo et à la Macédoine ; le Monténégro et la Bosnie.

Au sortir de la Première Guerre mondiale, création du Royaume yougoslave : un assemblage
incertain de territoires et de peuples, hier ennemis, alliés aujourd’hui, dont les histoires et les
projets diffèrent.

La Yougoslavie est créée. Il reste à la construire. Or, on l’a vu, la différenciation est extrême entre les histoires et les cultures de toutes ces entités. Il n’y a aucune réalité historique, politique ou culturelle, dans cette jeune Yougoslavie. Une langue commune ne suffit pas à faire un peuple et un État. Qui plus est, cette nouvelle fédération bâtie avec des peuples disparates est dirigée par une monarchie centralisatrice et nationaliste.

Fort logiquement, dans son siècle d’existence de 1918 à 1990, la Yougoslavie aura une histoire très tourmentée.

Dans les années 1920, les débats constitutionnels seront dans l’impasse entre la mouvance centralisatrice et autoritaire serbe et la mouvance fédéraliste croate.

Dans les années 1930, la monarchie serbe évoluera vers une dictature destinée à contrer la montée du nationalisme croate, un nationalisme de plus en plus radicalisé au sein duquel les Oustachis extrémistes et fascistes se feront entendre par leur participation à l’assassinat du roi serbe Alexandre de Yougoslavie, un nationalisme croate qui sera soutenu par l’Italie fasciste puis par l’Allemagne hitlérienne.

En 1941, la Yougoslavie est envahie par les armées italiennes et allemandes. C’est la fin de la Yougoslavie monarchiste serbe.

Entre 1941 et 1980, ce sera la Yougoslavie titiste. Le Croate Tito et ses partisans communistes mèneront, à partir de leur réduit de Bosnie, une guerre sans merci contre les forces d’occupation italiennes et allemandes. Tito et ses partisans libéreront quasiment seuls le territoire yougoslave, avant l’arrivée des troupes soviétiques à Belgrade, ce qui permettra à la Yougoslavie d’échapper au « partage de Yalta » et de se gouverner par elle-même, sans la tutelle de Moscou. Après la guerre, Tito remporte facilement les élections. Bien que communiste, le Croate Tito ne veut pas établir une dictature centralisée à la soviétique. Il vient créer la « République populaire fédérative ». La formule fédérale de la Yougoslavie titiste consiste à assembler six Républiques – les cinq Républiques existantes auxquelles est ajoutée la République de Macédoine destinée à réduire le territoire de la République serbe – et deux provinces autonomes au sein de la République serbe, la Voïvodine et le Kosovo. Il a la volonté politique de bâtir une véritable fédération destinée à mettre fin à la domination serbe, source des querelles entre les peuples qui forment la Yougoslavie. Il est donc créé une fédération  entre 6 Républiques  assez  autonomes  dans  leurs  compétences  administratives et financières. Dans les années 1970, le réveil de la vieille tension entre le centralisme de Belgrade et les aspirations fédéralistes ouvre la voie à une nouvelle Constitution encore plus fédéraliste, qui accorde aux Républiques une autonomie accrue, ainsi qu’une certaine autonomie au territoire du Kosovo au sein de la République serbe.

Tito a bien résumé la situation de la Yougoslavie à son époque. « La Yougoslavie, ce sont 6 Républiques, 5 nations (slovène, croate, monténégrine, serbe, macédonienne), 4 langues (slovène, serbo-croate, macédonien, albanais), 3 religions (catholique, orthodoxe, musulmane), 2 alphabets, mais un seul parti. »

En réalité, le fédérateur de la Yougoslavie n’est pas tant le Parti communiste que la personnalité charismatique de Tito et sa gestion pragmatique d’une fédération fragile, pas encore solidifiée.

3. Les années 1990, le déchirement de la Yougoslavie

Tito meurt en 1980. Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir apparaître les premiers troubles qui aboutiront aux drames de la décennie des années 1990. La disparition de Tito coïncide avec le réveil des nations de l’Europe centrale et orientale suivi de l’effondrement de l’Union soviétique. Les « nations » yougoslaves les plus développées et les plus riches, la Slovénie et la Croatie, vont vouloir s’affirmer, ce qui provoque chez les Serbes, qui contrôlent désormais de Belgrade la direction du Parti ainsi que la gestion de la Fédération, le retour de leurs vieux réflexes centralisateurs et nationalistes. C’est ainsi que la Yougoslavie post-titiste deviendra la Yougoslavie de Milosevic.

La guerre a commencé au Kosovo, elle finira au Kosovo.

Dès la mort de Tito, la revendication se fera jour au Kosovo en faveur de la création d’une République kosovare au sein de la Fédération, portée par le mouvement nationaliste non violent créé par I. Rugova. En 1987, les premiers troubles apparaissent au Kosovo. Le 28 juin 1989, dans la prairie où se déroula la bataille du champ des Merles, le tout nouveau patron du Parti communiste, Slobodan Milosevic, vient faire un discours de célébration du 600e anniversaire de cette bataille importante dans l’histoire des Serbes. Ce discours est un ardent plaidoyer en faveur de la Serbie, protectrice
naturelle et garante d’un État yougoslave unitaire et fort. Ce discours est ressenti comme une menace, tant par les nationalistes kosovars que par les dirigeants nationalistes de Slovénie et de Croatie. La crise économique que connaît alors la Yougoslavie vient accroître les tensions inter-Républiques, la Slovénie et la Croatie se refusant de plus en plus à devoir payer pour assurer le développement des Républiques les plus pauvres.

En quelques années, la Yougoslavie va éclater dans les drames et la violence. En 1989, des élections libres ont lieu en Slovénie et en Croatie et voient la victoire des forces nationalistes favorables à l’indépendance. En 1990, des référendums d’indépendance sont organisés dans les deux Républiques.  Leur  issue  largement  favorable  à  cette  option  débouche  sur  des  déclarations d’indépendance. Les deux sécessions, slovène et croate, provoquent des ultimatums de la part du pouvoir central de Belgrade. En août 1991, la guerre éclate. La Slovénie et la Croatie vont bénéficier immédiatement de l’aide effective de l’Allemagne ainsi que du soutien diplomatique du Vatican.
L’Union européenne, hésitante et partagée, décide de créer la « Commission Badinter » chargée de rendre un avis sur l’avenir de la Yougoslavie et sur la légalité du droit d’autodétermination des Républiques de la Fédération. La Commission Badinter va se prononcer très clairement en affirmant que la Fédération Yougoslave est « en voie de dissolution » et que les différentes Républiques doivent pouvoir succéder à l’ex-Yougoslavie.

C’est le début des dix années des guerres de Yougoslavie. Il y aura trois guerres.

La guerre d’indépendance de la Croatie (1991-1995) met aux prises la jeune armée croate face à l’armée serbe qui peut compter sur le soutien actif de la population serbe des Krajinas. La guerre est sanglante et les destructions nombreuses, dont la ville de Dubrovnik. Le principal enjeu de la guerre est la région des Krajinas, cette ancienne région des « confins militaires » de l’Empire des Habsbourg peuplée à l’époque de colons serbes en charge de la défense de l’Empire face aux menées turques. Il va s’y dérouler le massacre de Vukovar, cette ville martyre dont la population croate sera entièrement décimée par les milices serbes. À l’automne 1995, après quatre années de guerre, l’armée croate réussit dans une opération éclair à reconquérir les Krajinas. La guerre de Croatie aura fait 30 000 morts.

La guerre de Bosnie (1992-1995) se déclenche après l’échec des négociations inter-bosniaques entre les trois communautés musulmane, croate et serbe sur le projet d’une Bosnie répartie entre trois cantons et le référendum d’indépendance décidé par le leader de la communauté musulmane majoritaire, Alija Izetbegovic. Face à la radicalité politique d’Izetbegovic va se dresser la radicalité de la communauté serbe emmenée par son leader Radovan Karadzic. Malgré l’envoi de Casques bleus par les Nations unies, il va y avoir quatre années d’une guerre terrible marquée par de nombreux massacres, des crimes de guerre, des opérations de purification ethnique menées par les milices serbes
de Karadzic. Les images des 8 000 morts du génocide des musulmans accompli par les milices de Karadzic à Srebrenica et des 18 mois du siège de Sarajevo, le plus long de l’histoire de la guerre moderne, vont conduire en 1995 à l’intervention de l’Otan et à l’implication de l’Amérique dans la solution du conflit. Les accords de Dayton négociés directement entre l’Amérique et Milosevic viennent bâtir un « drôle d’État bosniaque » fait d’une fédération bosno-croate et d’une entité serbe sous la forme d’une république serbe intégrée à l’État bosniaque. La guerre de Bosnie aura fait 100 000 morts militaires et civils.

La guerre du Kosovo (1996-1999) sera l’aboutissement tragique des dix ans de la dissolution yougoslave. On l’a dit, la guerre avait commencé en quelque sorte au Kosovo, lorsque les premières revendications kosovares d’une République furent réprimées par Milosevic et aboutirent au discours nationaliste panserbe de juin 1989. Passant à l’acte, face aux manifestations kosovares, Milosevic abroge le statut d’autonomie accordé par Tito dans la foulée de la Constitution libérale de 1974. La résistance passive et non violente pratiquée par le leader kosovar Ibrahim Rugova va se transformer en une résistance active et armée avec l’apparition du mouvement paramilitaire de l’UCK, l’Armée de libération du Kosovo. La guerre éclate en 1997. Elle fera 10 000 tués, essentiellement des civils. Il faut noter que les Albanais de l’Albanie et de la Macédoine ne sont jamais intervenus directement pour soutenir leurs « frères » albanais kosovars.

La structure ethnique de la population Yougoslave en 2003 : les massacres et les déplacements de populations des années de guerre n’ont pas foncièrement modifié la situation des peuples à l’intérieur des frontières.

En 1999, sous la pression américaine et au lendemain des bombardements de l’Otan sur Belgrade, s’engage le processus de Rambouillet. Le Kosovo devient un territoire placé sous un mandat international géré par les Nations unies, représentées sur place par la mission Kouchner, et sécurisé par une force de l’Otan, la KFOR. Le mandat onusien permet de ne pas se prononcer sur l’avenir politique du Kosovo et, notamment, d’éviter le débat très controversé du bien-fondé de la création d’un État kosovar. Mais les réalités du terrain s’imposeront au fil des ans. Sur place, peu à peu, le pouvoir   de   l’UCK   l’emportera   sur   l’administration   onusienne.   En 2008,   la   déclaration d’indépendance est prononcée par le gouvernement dominé par l’UCK, mais est immédiatement rejetée non seulement par la Serbie mais par de nombreux États proches de la Serbie dont la Russie et la Grèce. Depuis lors, le conflit perdure, avec des pointes régulières de tensions entre la Serbie et le Kosovo, cristallisé dans la région septentrionale de Mitrovica peuplée en grande majorité de Serbes.

En 2006, la Fédération de Yougoslavie est définitivement dissoute au lendemain du référendum d’indépendance du Monténégro, dernière République à avoir quitté le giron serbe tout en restant proche de Belgrade.

Quatre observations doivent être faites pour conclure cette analyse des guerres liées à la désintégration de la Yougoslavie

La première est le rappel de la fragilité intrinsèque de l’État yougoslave, bâti sur l’assemblage d’entités très différentes les unes des autres par l’accord très ambigu de Corfou en 1917 entre Croates et Serbes. Cette ambiguïté éclatera très vite du fait de la volonté manifeste des Serbes d’être les vrais maîtres du nouvel État, alors même que, compte tenu de la disparité historique de l’assemblage yougoslave, le nouvel État n’aurait pu se conforter que si une véritable fédération avait pu se développer, ce qui ne sera jamais vraiment le cas, même du temps de Tito.

La seconde remarque est qu’il faut se rappeler que les dix années de guerre ont été les plus meurtrières et les plus violentes qu’ait connues le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Le conflit russo-ukrainien débuté en 2014 n’a jamais connu cette violence ouverte.

La troisième remarque est que les guerres de Yougoslavie se sont déroulées dans les années 1990, c’est-à-dire  durant  la  décennie  d’un  monde  devenu  unipolaire  dominé  par  l’hyperpuissance américaine. L’empire soviétique vient de s’effondrer, la Russie de Gorbatchev puis d’Eltsine est affaiblie, et la Chine n’est pas encore présente sur la scène mondiale. L’Amérique de Bush père et de Clinton est durant la décennie 1990 le seul « gendarme » du monde. Il est donc logique que ce soit la diplomatie et la puissance militaire de l’Amérique – par l’Otan – qui aient été le maître d’œuvre de la gestion des crises de Yougoslavie.

La dernière remarque est que ce sont les guerres de Yougoslavie qui ont conduit l’universitaire américain Samuel Huntington à se convaincre que les conflits futurs ne seront plus interétatiques et territoriaux mais civilisationnels, interethniques et interreligieux. On ne se battra plus pour étendre son territoire, on se battra pour défendre sa civilisation, sa religion, son identité, menacées par les autres civilisations et les autres identités. Ces thèses seront publiées dans un livre, Le Choc des civilisations,  paru  bien  avant  les  attentats  du 11 septembre 2001  mais  popularisé  après  le 11 septembre et objet depuis lors d’un débat passionné. La suite des attentats djihadistes de septembre 2001, les actions d’Al-Qaïda et de Daech, l’action des coalitions menées contre ces organisations terroristes ces vingt dernières années, le développement du salafisme et du radicalisme dans l’ensemble du monde islamique mais aussi les crises entre la Russie de Poutine et le monde occidental, ainsi que la crise actuelle entre la Chine et l’Amérique, donneront amplement raison à Samuel Huntington. Ce ne sont pas des conflits territoriaux, mais des conflits culturels entre civilisations, entre identités.

4. Aujourd’hui, les Balkans

L’ensemble des nouveaux États balkaniques issus de l’ex-Yougoslavie se sont tournés vers l’Union européenne, ainsi que l’Albanie. En parallèle, l’Union européenne a cherché à définir une politique balkanique. Cela va se traduire par une promesse d’adhésion faite en 2003. Mais, aujourd’hui, vingt ans après cette promesse, deux États seulement sont entrés dans l’Union, la Slovénie en 2004 et la Croatie en 2013. Cette adhésion rapide est l’aboutissement de leur longue histoire. Celle des deux États les plus proches historiquement de l’Europe occidentale, les plus « occidentalisés », les plus développés, les plus soutenus par l’Allemagne. La Slovénie est souvent citée à Bruxelles comme étant un État modèle, par ailleurs membre de l’euro et de l’accord de Schengen.

Le point positif est que l’ensemble des États balkaniques s’européanisent progressivement, dans leurs économies, leurs sociétés, leurs régimes politiques. Le régime de l’association avec l’Union a permis de délivrer 12 milliards d’euros en dix ans. Et 30 milliards sont prévus pour les six années à venir. La combinaison de cette aide européenne et des efforts accomplis par les différents États ont conduit à un développement économique certain, à une semi-intégration commerciale avec l’Europe occidentale, à une modernisation sociale, à des avancées démocratiques.

Par contre, pour ce qui est des six autres États parties prenantes du processus balkanique, s’il existe avec tous des accords d’association, l’adhésion est devenue une perspective très lointaine. La Serbie et le Monténégro sont entrés en négociation en 2010, mais le processus n’avance pas. La Macédoine et l’Albanie sont candidates, mais rien de substantiel ne s’est encore accompli entre Bruxelles, Skopje et Tirana. Quant à la Bosnie et au Kosovo, ils sont au dernier rang de la file. Simplement, il se déroule chaque année le rituel du sommet UE-Balkans, où il est question de l’aide financière fournie par l’UE à ces États, mais sans qu’il soit question d’évoquer les perspectives prochaines d’une adhésion.

En réalité, la perspective de l’adhésion ouverte en 2003 est devenue aujourd’hui totalement incertaine.

Les États membres sont divisés à propos de l’adhésion des États balkaniques, car tel ou tel État membre est réticent à l’égard de tel ou tel État balkanique. Le dossier serbe est freiné par l’Allemagne et la Croatie. La Bosnie est freinée par la Croatie. La Macédoine a été d’abord bloquée par la Grèce à cause de son nom, puis par la France, puis aujourd’hui par la Bulgarie. Le Kosovo n’est pas reconnu par plusieurs États membres. Du coup, l’Albanie est bloquée.

Ces réticences européennes se sont d’autant plus accrues que plusieurs de ces États balkaniques sont entrés dans des processus négatifs. On pourrait dire que les Balkans se rebalkanisent au plus mauvais sens du terme. Aujourd’hui, les Balkans redeviennent la zone malade de l’Europe. Le fossé reste béant entre les deux Europes, balkanique et occidentale, non seulement parce que les Balkans restent la région la plus pauvre d’Europe, mais aussi parce que le modèle européen de l’État de droit démocratique y est en recul. On doit bien constater que, dans bon nombre de ces États, la balkanisation l’emporte  aujourd’hui  sur  l’européanisation.  Nationalismes  radicalisés,  conflits  interethniques
récurrents, reculs démocratiques et retour des autoritarismes, systèmes judiciaires déficients et administrations corrompues, rôle des mafias et des milices, sont les réalités actuelles de cette région.

Les Balkans aujourd’hui : après la parenthèse de la Fédération, une mosaïque d’États.

La Serbie est actuellement gouvernée par le président Aleksandar Vucic, un ancien responsable du Parti radical serbe, le parti ultranationaliste serbe, à l’époque défenseur des dirigeants serbes bosniaques auteurs de crimes contre l’humanité, ancien compagnon de route de Milosevic. Vucic oscille selon les circonstances entre un pragmatisme de circonstance, qui l’a conduit il y a quelques années à négocier une certaine normalisation avec le Kosovo de l’UCK, et un nationalisme panserbe foncier, actuellement illustré par un retour de la tension avec le Kosovo dans la région serbe de Mitrovica. De plus, Vucic, à l’image de plusieurs de ses prédécesseurs, a partie liée avec les mafias serbes qui sont largement infiltrées dans l’économie, l’administration, la police, le sport.

Le Monténégro est profondément dégradé, car il est devenu l’un des plus grands « État mafieux » du monde. Il est géré en commun par la famille du président Djukanovic, en place depuis l’indépendance, et les mafias monténégrines, à l’image de la Colombie du temps de Pablo Escobar. La Macédoine est bloquée dans une crise politique profonde après la récente démission du gouvernement social-démocrate du pro-européen Zoran Zaev.

Surtout, la Bosnie se décompose de nouveau du fait du retour du séparatisme serbe. Cet été, le dirigeant nationaliste de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, hostile au maintien du système des accords de Dayton, a décidé le retrait des délégués serbes des institutions fédérales, un retrait ratifié par le parlement des Serbes de Bosnie. Aujourd’hui, Dodik menace de recréer une armée et un système judiciaire bosno-serbes. De nouveau, les Balkans sont au bord du gouffre.

Dans ces circonstances, l’Union européenne, tout à la fois largement indifférente à la région et divisée dans ses politiques nationales vis-à-vis des différents pays balkaniques, est pour l’heure sans stratégie cohérente à l’égard de la zone européenne la plus proche de ses frontières. Et ce, au moment où les États balkaniques deviennent un enjeu des ambitions d’une Russie traditionnellement alliée des peuples orthodoxes et fortement présente en Serbie et au Monténégro, mais aussi des ambitions nouvelles d’une Chine désireuse de faire de la Serbie un pivot de ses nouvelles routes de la soie, ainsi que des ambitions néo-ottomanes de la Turquie d’Erdogan. Ainsi, toute la région a été l’objet des diplomaties du vaccin anticovid russe et chinoise. De fait, il est clair que le seul acteur capable d’accompagner  à  long  terme  le  développement  économique,  la  modernisation  sociale  et la démocratisation politique de la région est l’Union européenne. À condition qu’elle le veuille.

Relief de l’Europe centrale.

La guerre est finie dans les Balkans, mais la paix n’y existe pas vraiment. Il y a trop de fragilités, d’instabilités, de conflictualités, de mauvaise gouvernance. La « faiblesse » des Balkans aura été présente dans toute son histoire, ancienne et contemporaine. L’éditorialiste du Monde Sylvie Kauffmann, dans un article récent intitulé « Alerte sur les Balkans », relevait le propos d’un intellectuel albanais selon lequel « finalement, le coin le plus tranquille dans la région, c’est l’Albanie »…

L’Europe des Balkans est entre deux voies, celle de la décomposition et du retour aux troubles, et celle d’une maturation progressive. Cela dépendra en premier lieu des peuples et des princes de ses différents États. Cela dépendra également de l’attitude de l’Europe, désormais gardienne en dernier ressort de l’avenir de cette partie voisine du continent.

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